«J’ai toujours adopté une pensée positive et un optimisme permanent. J’ai travaillé et me suis battu pour cela pendant de nombreuses années. Ma lutte peut être l’une des raisons de la continuité d’AMEL en tant qu’institution civile qui évite la dépendance et l’extorsion, dont la cause constante est les humains et l’humanité ».

Dans son livre, Kamel Mohanna, fondateur de l’Association Amel réitère l’importance d’aborder les expériences du secteur civil, y compris Amel, tout en considérant que cela « est plus important aujourd’hui que jamais, puisque nous vivons dans un état d’urgence sociale, qui doit être traité avec vigilance et alerte constantes ». Mohanna, après 50 ans de lutte sur le terrain, vise, à travers ce livre, de mettre l’accent sur son expérience pionnière pour qu’elle soit un modèle pour ceux qui pensent, au Liban et dans le monde, à établir une expérience similaire. Le but étant d’offrir des solutions concrètes pour servir les groupes populaires marginalisés, quelle que soit leur affiliation politique, religieuse, sectaire ou régionale.

Amel
Le Dr Kamel Mohanna dans un centre d’Amel

La mondialisation despotique et le secteur civil

Le Dr Mohanna cherche, à mettre l’accent sur les conséquences néfastes des projets de développement et de la mondialisation sur les peuples des pays en voie de développement conduisant à de vastes groupes sociaux marginalisés et à un rôle social restreint de l’État. L’auteur considère que les expériences mondiales indiquent que la mondialisation est en passe de s’effondrer, après avoir affecté négativement les niveaux sociaux, économiques et sanitaires dans le monde.

C’est dans cet esprit que le Dr Mohanna souligne le rôle des organisations de la société civile tel que Amel dans la construction du citoyen,  “je pense que les organisations de la société civile jouent un rôle clé dans la construction du citoyen-humain et dans le rejet des agendas étrangers. Ils sont invités à s’impliquer face à notre amère réalité, à interagir avec ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur du monde arabe, en particulier en ce qui concerne la cause palestinienne, et à contribuer à la construction d’un citoyen engagé et efficace, et non d’un adepte sectaire”.

Le Dr Mohanna met en relief le rôle de la société civile dans le processus de développement étant donné qu’il est l’un des trois piliers de la société avec l’État et le secteur privé. Il insiste sur la nécessité de la création d’un environnement législatif et politique qui renforçait le secteur civil pour qu’il puisse étendre sa présence à travers ce que l’on appelle les chartes d’honneur éthique afin d’avoir plus de poids dans ses tractations avec l’État d’une part,  le secteur privé d’autre part.

L’auteur exprime un fort optimisme en ce qui concerne le rôle de la société civile  a l’aube du troisième millénaire en particulier grâce au fait que depuis les années 1990, des dizaines de réseaux civils mondiaux, régionaux et arabes ont été créés.

Amel : un modèle pionnier

Le Livre part de l’expérience pionnière de l’association Amel et les idées sur lesquelles se base le travail et qui se résume en 5 piliers qui constituent l’action d’Amel, basé sur l’urgence, la mise en place de services, le développement et la protection des droits de l’homme :

  • Travailler avec les couches populaires, car il n’y a pas de démocratie sans développement.
  • S’engager pour la juste cause des peuples à travers le monde, à commencer par la Palestine.
  • Combattre le système de « deux poids deux mesures », particulièrement présent dans les relations entre le Sud et le Nord.
  • Lutter pour une répartition équitable des richesses à l’échelle nationale et sur le plan international.
  • Lutter pour l’établissement d’un État social et d’une justice sociale qui s’étendent à tous les pays.

L’auteur révèle la vision d’Amel et son plan d’action efficace et capable de coconstruire avec d’autre acteur un État de justice sociale, car Mohanna considère que :

« La résolution des problèmes sociaux majeurs sera notre priorité: combler les principaux écarts entre pauvres et riches, ruraux et urbains, hommes et femmes et s’occuper des problèmes de la jeunesse à travers un plan global réunissant les représentants de la société civile, du gouvernement et du secteur privé; un plan qui aligne la libération nationale sur la dignité humaine ».