Amel Association International, présidée par Kamel Mehanna, a été proposée par l’ancien ministre libanais des Finances et professeur de sciences politiques à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, Georges Corm, pour être dans la course au prix Nobel de la paix 2018. C’est en effet la troisième fois que M. Corm lance cette procédure, convaincu que le travail humanitaire d’Amel pendant les crises successives qui ont meurtri la région depuis des décennies mérite d’être primé.
Le prix Nobel a été créé par Alfred Nobel, l’inventeur de la dynamite. Le prix pour la paix est annoncé chaque année le 6 octobre et récompense des personnes ou des organisations luttant pour rendre le monde meilleur. La cérémonie de remise du prix se tient chaque année à Oslo le 10 décembre.
« C’est un honneur de nommer Amel International pour le prix Nobel de la paix, dans le sens où depuis sa création, cette association humanitaire a réalisé un grand travail, jalonné de sacrifices et de réussites, au service des populations vulnérables », a déclaré M. Corm. « Depuis la fondation de l’association Amel en 1979, cette organisation non confessionnelle a travaillé à la promotion et à la garantie des droits de toutes les communautés, notamment les populations vulnérables et marginalisées. » Il a ajouté : « Depuis sa création, l’organisation a fourni plus de 10 millions de services dans les domaines des soins médicaux et psychosociaux, de la sécurité sanitaire des aliments et du développement rural, ainsi que de la formation professionnelle, de l’éducation, de la protection des enfants et de la promotion des droits humains. En intégrant la cohésion sociale dans ses activités, Amel a réussi à éviter les lignes de fracture religieuses et politiques traditionnelles qui divisent la région du Moyen-Orient, provoquant des conflits entre ses communautés. »
Société civile « forte »
M. Corm a souligné aussi que « le Liban, avec 4 millions d’habitants, a accueilli 1,5 million de réfugiés syriens et 30 000 Palestiniens de Syrie ». « En outre, a-t-il poursuivi, il y a maintenant 1,5 million de Libanais vulnérables qui ont également besoin d’aide humanitaire. Malgré cette situation dramatique, le Liban, et tout particulièrement sa société civile, font preuve d’une grande solidarité. Les ONG locales, telles que Amel, ont été parmi les premières à intervenir et les plus efficaces dans cette catastrophe. »
« Avec 24 centres, 2 unités mobiles éducatives, 1 unité mobile de protection et 6 unités mobiles médicales, répartis dans les zones les plus défavorisées du Liban, Amel est un modèle non confessionnel unique dans la région du Moyen-Orient. L’organisation comprend une équipe de 800 jeunes, bénévoles et salariés expérimentés, équilibrée entre les femmes et les hommes et permettant un accès égal à des services de qualité », a encore affirmé l’ancien ministre.
Selon lui, il est important de relever la « dynamique volonté d’Amel de collaborer et partager son expérience avec le premier mouvement Sud-Nord, “les 3L” (Liban, Lesbos, Lampedusa), en solidarité avec les personnes en situation d’exil, contre le populisme, la xénophobie et les politiques de repli sur soi. Ce mouvement fait partie d’un processus permanent de plaidoyer pour l’humanisation de l’accueil des personnes en situation d’exil, dans le contexte du phénomène migratoire en cours ». Et Georges Corm de conclure : « Dans cette région complexe, Amel a prouvé qu’il était possible de créer une société civile forte en défendant les plus démunis et en luttant pour la justice sociale pour tous. Je suis donc fier de nommer Amel Association International pour le prix Nobel de la paix 2018. »