SONIA GRIECO Notre rêve va devenir réalité, ces "enfants de la guerre" s’apprêtent à faire leur rentrée scolaire.

Fin 2017, 800 enfants de 7 à 14 ans, réfugiés des camps de la Bekaa Ouest, limitrophe de la Syrie, vont être scolarisés.

Par Diane Antakli Présidente de l’ONG Baroudeurs de l’Espoir

“Avant d’apprendre à nos enfants à lire, il faut les aider à se construire, c’est à dire respecter celui de l’autre camp dans sa différence”. Au moment où nous lancions l’édition 2017 d’Amalia Toubkal pour recueillir des fonds pour les enfants syriens privés d’école, cette phrase de G. Sabé, co-fondateur de l’école d’Alep que nous soutenons, résonne encore.

Ce sont 27 participants qui ont répondu cette année à l’appel de notre ONG Baroudeurs de l’Espoir pour hisser au plus haut sommet de l’Atlas (Jbel Toubkal, 4167 mètres) une banderole Amalia (du mot amal= espoir en arabe). Pendant 6 mois, ils se sont préparés physiquement à cette ascension de 4 jours, relayant autour d’eux ce message commun : ” En Syrie et dans le monde, une génération d’enfants attend que nous agissions avec eux “.

“Mes parents m’ont donné un nom: Ils ne m’ont pas appelée réfugiée”

Les enfants d’Alep, de toute la Syrie, les enfants réfugiés des camps de la Bekaa au Liban que nous avons rencontrés, sont tournés vers l’avenir. Tous nous ont confié leur envie de retrouver le chemin de l’école et tous aspirent aux mêmes rêves. À l’image de cette jeune réfugiée, Shaïma, 12 ans, qui interpellait Bernie Bonvoisin dans son documentaire “Syrie, les Enfants de la Guerre”: “Mes parents m’ont donné un nom, ils ne m’ont pas appelé réfugiée” ou les mots de Gedaa, 13 ans d’Alep, aux yeux si tendres, qui nous chuchote lorsqu’on lui demande ce qu’elle veut le plus au monde : “Retourner en Syrie, jouer, apprendre”.

Tous ont vécu la guerre, avec son lot de traumatismes. Tous veulent désormais vivre, leur vie d’enfant (voir le témoignage Gedaa).

“Mon fils de 12 ans ne supporte plus le jeudi”

“Mon fils aîné avait 7 ans quand nous avons fui Homs. Je me souviens de ce jeudi, jour de cessez le feu. Nous avions deux heures pour aller chercher le pain pendant l’arrêt des combats. J’ai pris mon fils avec moi pour qu’il vienne m’aider. Plusieurs bombes sont alors tombées à côté de nous. Nous avons dû marcher sur des cadavres avant de trouver un endroit où se réfugier. 5 ans déjà et il ne supporte toujours pas les jeudis”. nous racontait Basman Kassouha que nous avons rencontré en juin dernier lors d’une de nos visites sur les camps de réfugiés au Liban.

Parce qu’il place l’éducation de ses enfants au centre de ses préoccupations, il a malgré tout réussi à leur trouver une place dans une école pour les réfugiés au Liban. Il sait que Fadi, son aîné, est traumatisé mais ce retour à l’école est essentiel pour lui, pour tenter de retrouver une enfance normale. (Voir le témoignage Basman Kassouha)

L’éducation comme seule arme de paix

Fin 2017, 800 enfants de 7 à 14 ans, réfugiés des camps de la Bekaa Ouest, limitrophe de la Syrie, vont être scolarisés. Un partenariat noué entre notre ONG et Amel, association libanaise non confessionnelle, va permettre de déployer une unité mobile éducative pour que les enfants les plus affectés par la crise syrienne puissent accéder à un support psycho-social éducatif, à proximité de leur lieu de vie. Plusieurs fois par semaine, une équipe d’enseignants et une assistante sociale se rendront dans les camps de la Bekaa pour donner des activités éducatives, récréatives et aussi un soutien psychologique. Ces enfants vont désormais avoir accès à ce qui nous apparaît comme une évidence dans nos pays: le droit à aller à l’école, le droit à recevoir une éducation, le droit à ne pas être appelés réfugiés, ou enfants de la guerre, ou orphelins mais celui d’être un enfant. Avec tous ses droits les plus fondamentaux. Celui à apprendre. A s’interroger. A grandir.

Un sommet pour plus d’espoir

Le chemin semble long mais alors que nous atteignions, il y a déjà 15 jours, le sommet du Djbel Toubkal à 4.167 mètres pour y porter la banderole des rêves des enfants de Syrie, la pointe de la pyramide métallique dressée au bout d’un parcours sinueux est enfin à portée de main. Notre souhait que les 13 millions d’enfants privés de rentrée scolaire en raison des conflits au Proche-Orient, puissent un jour se retrouver sur un banc d’école devient possible. Avec de l’espoir, de l’effort et un chemin commun vers la solidarité, ce rêve peut devenir réalité.

En attendant leur rentrée prévue pour octobre, les enfants re-scolarisés grâce aux fonds d’Amalia Toubkal, se filment pour nous remercier et nous lancent: Vive les Baroudeurs de l’Espoir !

Au même moment au refuge du Toubkal, dans l’Atlas marocain, une lanterne volante rejoint les étoiles avec 1 vœu commun: une rentrée scolaire pour chaque enfant de la guerre.

Source: http://www.huffingtonpost.fr/diane-antakli/notre-reve-va-devenir-realite-ces-enfants-de-la-guerre-s-appretent-a-faire-leur-rentree-scolaire-au-liban_a_23229765/