Amel – Dignité humaine au Liban 2021: Libérer les citoyens de la dépendance sectaire

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Dans son rapport annuel intitulé “Human Dignity in Lebanon”, Amel Association International (Amel) dresse un bilan de la détérioration de la situation socio-économique au Liban pour l’année 2021. Si Amel travaille depuis plus de 40 ans à la mise en œuvre de programmes humanitaires prenant pleinement en compte droits et dignité, conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme, ce rapport met en exergue le décalage qui existe souvent entre ces deux concepts.

Fruit d’une étude menée par deux chercheurs, le Dr Omar Nachabe et Mme Jinan Al Khatib, et leurs assistants, ce rapport cherche à mesurer les indicateurs de la Dignité Humaine et à dresser une analyse de la situation au Liban. En interrogeant les personnes qui reçoivent des soins et un soutien médico-social dans les centres Amel à travers le Liban, les chercheurs ont identifié les meilleures pratiques possibles pour mettre en œuvre des programmes humanitaires dignes, sur la base du modèle construit par Amel au cours des dernières décennies.

Le rapport s’appuie sur cinq critères principaux pour mesurer l’état de la dignité humaine : la liberté, la paix, la sécurité, la justice, le respect et l’accès aux droits fondamentaux. Les chercheurs ont étudié, grâce à un ensemble d’outils statistiques, la relation entre un échantillon de personnes interrogées et l’équipe d’Amel au sein d’un groupe de centres communautaires dans les régions du Sud, de la Bekaa, de Beyrouth et du Mont Liban. Ces réponses ont ensuite été comparées à la relation que les personnes interrogées avaient avec d’autres entités publiques et privées. Cela a permis d’évaluer les différentes manières dont les personnes interrogées ont été traitées lorsqu’elles ont eu accès à l’aide, soulignant ainsi que la dignité humaine est souvent violée et que les organisations ont tendance à omettre cette dimension de l’aide. 

La principale conclusion de l’étude est que tous les résidents du Liban souffrent de la même façon, et que les différences économiques entre citoyens libanais, réfugiés et migrants n’existent plus en raison de la détérioration de l’économie. En outre, l’étude montre que, bien qu’Amel ait fourni plus d’un million et demi de services dans ses centres au cours des deux dernières années, les gens souffrent toujours et leurs besoins continuent d’augmenter. En l’absence de perspectives économiques à court terme, le rapport met ainsi en garde contre une détérioration croissante de la situation au Liban, qui menace la sécurité de la population.

Cependant, et malgré cette sombre réalité, les chercheurs ont identifié plusieurs modèles distincts au sein des centres d’Amel qu’il conviendrait de généraliser et de mettre en œuvre dans tous les secteurs au Liban. L’un des marqueurs forts de l’étude est le fait que moins de 40% des personnes interrogées ont affirmé que leur dignité était préservée dans une certaine mesure, alors que dans les interactions qu’elles ont eues en dehors d’Amel, la grande majorité des personnes avaient le sentiment que leur dignité était sévèrement mise à mal. Cela a conduit de nombreuses personnes interrogées à rechercher les services d’Amel plus que ceux d’autres organisations. 

Outre les informations et les chiffres choquants que le rapport met en évidence, il souligne que le modèle incarné par Amel depuis 43 ans, basé sur l’implication des personnes dans les solutions et les programmes, profite grandement aux personnes vulnérables en leur donnant plus d’espace pour s’engager directement dans la protection de leur propre dignité et dans l’accès à leurs droits humains fondamentaux. 

Le président fondateur de l’association Amel, le Dr Kamel Mohanna, a déclaré lors du lancement virtuel : “Amel, à travers sa lutte au cours des dernières décennies, vise à construire les bases du changement et à établir un état de justice sociale, en présentant un modèle pratique, parce que la plupart des mouvements progressistes dans notre monde arabe se sont concentrés sur les droits politiques et la libération nationale, mais ont négligé les droits économiques et sociaux. A l’inverse, nous considérons à Amel que le chemin de la démocratie passe par le développement, et que la libération nationale doit être accompagnée par la justice sociale”.

Il a également ajouté : “Le lancement de ce rapport ne se limite pas à décrire la situation au Liban, mais son objectif principal est de présenter l’expérience d’Amel, qui s’efforce de libérer les citoyens libanais de la dépendance sectaire, et traite l’individu comme un citoyen et non comme un sujet. Il s’agit d’une part de le sensibiliser à certaines questions relatives aux droits de l’Homme et, d’autre part, de développer ses capacités.”

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